Le retable de Notre-Dame de la Fontaine

Retable de Notre-Dame de la Fontaine - Photo Emilie Nisolle
Retable de Notre-Dame de la Fontaine - Photo Emilie Nisolle

Qu'est-ce qu'un retable?

Le but premier d’un retable est de transmettre un message. Tout retable possède deux faces. Son revers n’est visible que lorsque le retable n’est pas utilisé, c’est-à-dire lorsqu’une messe n’est pas célébrée à l’autel. C’est pourquoi les représentations du revers ont plutôt une fonction sociale (donateurs, saints locaux, …). Le retable est mis en valeur lorsque la messe est célébrée à l’autel alors il est déployé.

 

 

 

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Afin de protéger contre la concurrence la bonne qualité matérielle du retable livré, il était d’usage avant l’exécution ou l’achat de faire garantir par les contrôleurs officiels de la gilde. Les transgressions des règles étaient sévèrement punies. 3 parties au retable :

 

(1) La caisse ou huche : (travail du menuisier) constitue le corps central : c’est une sorte de caisse ouverte. L’intérieur est divisé par des éléments architecturaux en plusieurs compartiments couronnés de baldaquin et autres motifs. 

(2) Le huchier : confectionne la caisse et l’ébéniste réalise la menuiserie décorative. 

(3) Les volets : sont les battants ou portes accrochées au moyen de charnières de part et d’autre de la caisse. On peut les rabattre complètement sur la caisse. 

(4) La predelle : est le socle sur lequel repose la caisse. Soit sculptée (prolongement des sculptures des volets ou peintes), la prédelle repose sur l’autel.

Retable de Notre-Dame de la Fontaine - Photo de Dolorès Ingels
Retable de Notre-Dame de la Fontaine - Photo de Dolorès Ingels

 Le retable de Notre-Dame de la Fontaine

Rue du Château, à Chièvres

 

Cette oeuvre se situe dans l'église Paroissiale Saint-Martin de chièvres. son auteur reste inconnu.

Nous savons seulement que la Statue de Notre-Dame de la fontaine, située dans la niche et réalisée en bois polychrome, est signée par un certain Firmin Hockay de Tournai en 1872.

 

Description générale

 

 Les motifs floraux et ornementaux sur les manuscrits ou les retables reflètent une symbolique mais également et surtout la richesse du propriétaire. Le retable de Notre-Dame de la Fontaine est décoré d'un pinacle orné de crosses ou "crichets" et d'une niche en tabernacle qui accueille la Vierge à l'enfant en son centre. Les ornements de type gothique sont ici visibles: couronnement triangulaire, souvent doté d'un remplage, motifs géomètriques ornant les fenêtres, gâlbes, ... les couleurs sont lumineuses similairement à celles d'un vitrail. Le fond doré accroît cet effet.

Les miracles illustrés sur le retable de Notre-Dame de la Fontaine

Miracles de Notre-Dame de la Fontaine - Photo Emilie Nisolle
Miracles de Notre-Dame de la Fontaine - Photo Emilie Nisolle

 

Voici une brève énumération des scènes présentes sur le retable. Les faits sont relatés dans « l’histoire de Notre-Dame de la Fontaine »

 

 

 

 

 

 

De gauche à droite :

 

« Huart PICAVET gouteux pèlerin guéri subitement à la fontaine de N.D. »

 

Extrait:

« Huart n’a pu guérir par des secours humains: Il adresse ses vœux à cette Sainte Image, et recouvrant soudain de ses membres l’usage, s’en sert pour l’applaudir, et des pieds et des mains ».

 

 

« Alex de LALAIN préservé de suffocation grâce au vœu de d’un pèlerinage à N.D. » 

 

Extrait : 

« Du faux semblant de l’or, dont l’enfant s’est joué, Qu’il ne peut avaler, qui lui serre la gorge, par Marie on a vu le péril secoué. Elle ne permet pas que cet objet l’égorge. La peur qu’il vous a faite, en voulant se jouer, vous donne d’autant plus raison de la louer ». 

  

En 1584, âgé de neuf mois, Alexandre de LALAIN, fils d’Emmanuel de LALAIN Grand Bailli de Hainaut et d’Anne de CROY, Marquise de RENTY, joue entre les bras de sa nourrice. L’enfant avale une pièce de monnaie, il suffoque. La Marquise, très pieuse, donne une pièce d’or à embrasser à l’enfant et l’envoie en offrande à Notre-Dame de la Fontaine. A peine l’offrande a-t-elle passé la porte de la chapelle que le petit garçon recrache la pièce.

Miracles de Notre-Dame de la Fontaine - Photo de Emilie Nisolle
Miracles de Notre-Dame de la Fontaine - Photo de Emilie Nisolle

De gauche  à droite:

 

« Nicolas LEPOIRE est frappé au siège de Landrecies d’un boulet de canon sans être blessé ».

 

 

 

 

 

Extrait :

« Ce boulet de canon n’a pu me transpercer,

 

m’étant fait pèlerin de Celle qui l’arrête.

 

Suffit de l’invoquer, car Elle est toujours prête

 

A nous parer des coups qui peuvent nous blesser.

 

La Vierge, en écartant les boulets de cannons,

 

M’a fait son pèlerin, et voici mes haunons (armures) ».

 

En 1647, Léopold-Guillaume, Archiduc d’Autriche, assiège la ville de Landrecies. A ce siège, le Comte DE COUPIGNY est sur le terrain,  au combat. Parmi ses cuirassiers, Nicolas LEPOIRE est présent. Il est très dévoué à Notre-Dame. Priant durant la bataille, il est atteint d’un coup de canon sans être blessé. Le projectile traverse son manteau et ses vêtements, pénètre jusqu’à la chair mais sans l’endommager. Ce miracle convertit de nombreux hommes présents sur le champ de bataille.

 

« Père POLINCHOVE reçoit vingt coups d’arquebuse sans être blessé ».

 Extrait :

 

« Ce père n’est pas mort, mais il a dû le feindre,

 

Et ce peuple effaré, qui le pousse au trépas,

 

N’a pu par tant de coups aucunement l’atteindre:

 

Marie est son bouclier, leurs coups ne percent pas ».

 

En 1635, une révolte de population a lieu à Liège contre le collège des Jésuites. Le révérant Père Nicolas DE POLINCHOVE est sauvagement attaqué. On le jette par terre et on le martyrise de vingt coups d’arquebuse. Il fait semblant d’être mort. Des habitants le ramassent et constatent avec stupéfaction qu’il n’est pas décédé. Les balles avaient transpercés ses vêtements mais pas son corps. Resté inconscient, à son réveil il déclare avoir prié la vierge de Chièvres. Il dit « j’ai cru entendre une voix me dire « fais-toi passer pour mort ». Le jésuite est sauvé par sa Foi.

 

Miracles de Notre-Dame de la Fontaine - Photo Emilie Nisolle
Miracles de Notre-Dame de la Fontaine - Photo Emilie Nisolle

 

De gauche à droite:

 

« Le baron de Comines rendu à la santé devant l’autel de N.D. »

 

« Ferdinande DE CROY délivrée d’un naufrage offre un navire d’argent à N.D »

 

 

 

Extrait :

 

« La Princesse d’Egmont, Dame de Chièvres, dans un long voyage par terre et par mer, invoque le secours de Notre-Dame de la Fontaine, au milieu d’une tempête et des plus grands dangers, et elle en est préservée ».

 

Alors que Marie-Ferdinande DE CROY, Marquise de RENTY, revenait de Sardaigne vers la Belgique à bord d’un vaisseau anglais, une tempête se déclenche. Le navire est jeté par cette tempête vers les côtes de l’Afrique où il faillit sombre. Le bateau risque alors d’être pris par les corsaires de Tunis. Face à ces conditions difficiles, la comtesse invoque Notre-Dame de la Fontaine, elle eut la chance d’arriver à bon port. En remerciement à la Sainte-Vierge, elle offrit une représentation du vaisseau qui l’avait ramené dans son pays. En effet, Marie-Ferdinande avait repris le chemin de son pays suite au décès de son époux, Philippe, comte D’EGMONT, décédé le 16 mars 1682, il était vice-roi de Sardaigne.

 

 

Miracles de Notre-Dame de la Fontaine - Photo Emilie Nisolle
Miracles de Notre-Dame de la Fontaine - Photo Emilie Nisolle

 

De gauche à droite:

« L’enfant de Jean FERRIN DE LOMBISE ressuscité et baptisé »

 

 

 

 

 

 

 

Extrait :

 « Non, votre vœu par Notre-Dame ne pouvait être méprisé: A votre enfant Elle rend l’âme, pour qu’il puisse être baptisé. L’évènement prodigieux rend vos cœurs plus religieux: vous venez en son tabernacle, remplis de sentiments pieux, lui rendre grâces d’un miracle qu’ont opéré pour vous sa clémence. Et vos vœux ».

 

En 1582, Isabeau épouse de Jean FERRIN DE LOMBISE, met au monde un enfant mort-né. 

Lorsqu’elle se réveille après l’accouchement, elle est en souffrance, souffre de fièvre e. Après dix-sept jours, elle demande son enfant mort et non baptisé. On le retire de terre. Le constat est qu’il n’a subi aucun pourrissement et aucune odeur n’était perceptible. Quelques manifestations de vie ont été visibles, on le baptise alors à l’instant. Retombé ensuite dans la mort, l’enfant est baptisé au grand soulagement des parents.

 

 

 

« Morte sainte de Ferdinande DE CROY en la Ville de Chièvres »

 

Extrait:

 « … Mais tandis que ceux qui ont reçu le plus de bienfaits se sont bornés à offrir à la sainte Vierge, les uns, leurs statues de cire ou de cire ou de bois et leurs portraits ; d’autres, des cœurs, des bras, des jambes, des mamelles, des yeux, des têtes, en argent ou en cire ; d’autres encore, des cierges, des étendards et autres monuments qui se trouvent en sa chapelle ; cette princesse s’est donnée toute entière à Elle ; et afin de faire apprécier la valeur de cette offrande, nous transcrivons ici, pour la gloire de la Vierge-Mère l’épitaphe de la princesse Marie-Ferdinande. Elle sera un témoignage de la vénération qu’on professé envers l’Image miraculeuse le comte et la comtesse d’Egmont ».

 

Marie-Ferdinande DE CROY, pour ses dernières volontés demande de se faire inhumer dans la chapelle Notre-Dame de la Fontaine. Aujourd’hui, il ne reste plus rien de tout cela puisque les biens de la chapelle ont été confisqués à la Révolution de 1789. L’édifice a été vendu et détruit. Des pilleurs ont violé la sépulture de la Marquise, Marie-Ferdinande DE CROY, Comtesse D’EGMONT. Après avoir dépouillé le corps des joyaux et des riches étoffes qui le recouvraient, ils jetèrent le cadavre dans la fosse, qui s’était remplie de l’eau de la fontaine. Le navire en argent offert en remerciement à la vierge a bel et bien existé.

 

 

 

Auteur du site: Emilie Nisolle

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