Durant la période médiévale, Chièvres est dotée d'un statut juridique privilégié, Chièvres est une "franche ville" du comté de Hainaut. Au point de vue religieux, elle est le chef-lieu d'un doyenné de l'archidiaconé de Brabant du diocèse de Cambrai. Les termes " extra muros " prouvent l'existence d'une enceinte à Chièvres en 1186.
Le « castrum » primitif occupait le quadrilatère formé par la rue du château, une partie de la Grand’Place, la rue Notre-Dame de la Fontaine jusqu’à la rencontre avec les remparts nord. A l’époque d’Eva de Chièvres, le « bourg castral » englobe le quartier de la rue Saint-Jean, de la rue Hoche jusqu’aux remparts. Vu ses dimensions initiales, Chièvres était destinée à devenir une grande ville repère au sein du Hainaut.
Au XIVe siècle, la cité poursuivit son développement. Cependant, suite aux pestes et aux incendies, aux développements politiques et militaires d'Ath, aux guerres des XVIe et XVIIe siècles, à la
construction plus au nord de la chaussée Ath-Mons au XVIIIe siècle, Chièvres s’est peu à peu assoupie …
Le drapeau de la Ville de Chièvres « De gueule à trois lions d’or » :
Entre le XI et XIIe siècle, l’usage d’un blason devient monnaie courante. En effet, sur le champ de bataille, il est impossible de reconnaître les chevaliers. Ceux-ci portent un heaume, casque protégeant la tête, la face entière. Pour se faire reconnaître sur le champ de bataille et dans les tournois, les chevaliers disposaient chacun de figures distinctives sur leurs boucliers, constituant le blason.
Le blason de la Ville de Chièvres est décrit comme « de gueule à trois lions d’or ». La base du blason est dite « en accolade ».
Le lion en tant que signe héraldique s’impose dans l’Europe occidentale. Cet animal, par sa représentation, est le plus ancien. Il doit son succès à la chevalerie, qui privilégiait la force et la majesté, valeur donnée au « roi des animaux ». Toutes les classes sociales en feront usage. Les trois figures sont représentées comme rampantes, c’est-à-dire que l’animal se dresse sur une patte arrière, les trois autres sont levées. Le rouge, dit de « gueule » est la couleur de la guerre, de la vie, de l’amour et de la royauté. Le jaune, d’or, est le reflet de la richesse.
La maison de Gavre occupait l’une des premières places parmi la noblesse flamande. Le titre de bouteiller ou échanson de Flandre appartenait héréditairement à son chef. Les armes de la maison de Gavre-Chièvres étaient de gueules à trois lions d’argent.
Un peu d’histoire :
Vers 1138, la terre de Chièvres entre dans la maison de Gavre par le mariage, de Rasse de Gavre VI avec Eva de Chièvres, veuve de Gilles de Chin. De cette alliance naquirent Rasse (ainé) et Arnould (cadet). C'est Arnould de Gavre qui reçoit la terre de Chièvres (il est cité dans un acte de 1150). Son blason est "de gueules à trois lions d'argent" qui est, le scel de sa mère, Eva de Chièvres. En 1453, la ville obtint l'autorisation d'utiliser un sceau à trois lions couronnés, les deux en chefs adossés.
Les armoiries attribuées par A.R. du 18/12/1837 à l'administration communale, retenaient : "de gueules à trois lions mornés d'or" (mornés : c-à-d. sans griffes ni langue). L'arrêté de 1980 (après la fusion des communes) fait référence au sceau de 1453 (lions en chef adossés). La description actuelle est donc "de gueules à trois lions d'or, les deux en chef adossés".
Il s'agit probablement d'une volonté de la ville, en 1837, de briser les armes de la ville par rapport au blason de Arnould de Gavre, seigneur de Chièvres, en changeant le métal argent en or.
Un autre hypothèse supposerait également que la transformation de la couleur « argent » en « or » fasse référence à une distinction obtenue par la famille de Gavre sur le champ de bataille ou par l’obtention d’un grade particulier.
Petit clin d’oeil :
Sur la façade de l’école communale, construite entre 1950 et 1955, avant la fusion des communes, se trouve le blason d’Arnould de Gavre. Sur ce blason, les deux lions situés dans la partie supérieure de l’écu sont tous les deux tournés vers la gauche. Or, sur l’écu du blason de la Ville de Chièvres, les deux lions supérieurs sont adossés. Que s’est-il passé ? Hypothèse : la Ville de « Gavere » en Flandre disposait du même blason que la Ville de Chièvres puisque ces deux familles étaient probablement issues de la même branche familiale. Dans un souci de démarquer les deux villes, Chièvres lors de la fusion des communes le 1er janvier 1977, aurait demandé le changement de position d’un des lions. Ceci n’est bien sûr qu’une supposition.
Sources : Merci au Cercle « Héraldus » de Mons, à Messieurs Marc Somers et Alain Fagnot.
Réf. Annales du Cercle archéologique de Mons (tome 4 - p.108) – 1865.